Comment les PME font-elles face à l’augmentation des prix de l’énergie ?

Alors que les PME françaises appréhendent l’impact de la crise énergétique sur leur activité, il devient urgent de trouver des solutions pour les soutenir.

Quelles sont les aides disponibles pour faire face à la flambée des prix de l’énergie ? Et quelles mesures prendre en ce début d’année 2023 ? C’est tout l’objet de cet article.

La crise de l’énergie est au cœur des préoccupations. C’était déjà vrai il y a un an, alors que les fluctuations des prix rendaient la situation encore incertaine.

À partir de mars 2022, l’inflation est passée de transitoire à durable en Europe. Le tarif du gaz s’est envolé, atteignant un record historique au cours de l’été 2022.

Et pour cause : depuis le début de la guerre en Ukraine, la diminution de l’approvisionnement en gaz russe sur le marché de l’Union européenne a entraîné une ascension des cours du gaz et inévitablement, des répercussions immédiates sur les prix de l’électricité.

Ce n’est pas l’unique facteur expliquant la montée brutale du coût du gaz et de l’électricité. L’inflation commençait déjà avec la reprise de l’activité économique en 2021 suite à la crise Covid-19, ayant entraîné une forte demande en électricité et donc une augmentation de son coût.

Pour lutter contre l’inflation et le ralentissement économique, la Banque centrale européenne a relevé les taux d’intérêt en 2022, et compte bien faire de même pour cette année.

C’est en bonne voie : l’inflation a connu un léger recul en décembre 2022. Selon les estimations réalisées par l’INSEE, les prix auraient augmenté de 5,9 % en décembre 2022, contre 6,2 % le mois précédent.

Évidemment, il ne faut pas crier victoire trop tôt. L’explosion du coût de l’énergie est encore bien présente et n’est pas sans conséquences pour les PME, qui ne peuvent pas toujours répercuter cette augmentation sur leur prix de vente.

Avant d’évoquer les aides et solutions accessibles : tour d’horizon des conséquences actuelles de la crise sur l’activité des entreprises.

D’après le rapport annuel de l’INSEE (édition 2022) sur la consommation énergétique, le secteur le plus énergivore, et donc le plus touché, est l’industrie chimique (fabrication de produits pétrochimiques, matières plastiques, caoutchouc, etc.), suivi de la métallurgie et la fabrication de produits métalliques. La raison ? L’utilisation de machines particulièrement consommatrices d’énergie.

En 3ème position, l’industrie agroalimentaire. Et c’est au tour des 33 000 boulangeries en France d’en payer le prix. Pour certaines d’entre elles, la facture d’électricité a même été multipliée par 10 en un an.

Cette augmentation est principalement due aux fours électriques utilisés par les boulangers, indispensables pour exercer leur activité.

Même si certaines professions en pâtissent plus que d’autres, l’envolée du coût de l’énergie fragilise toutes les entreprises. Avec de sérieuses répercussions sur leurs perspectives de croissance.

Un constat : près d’un dirigeant de TPE/PME sur dix envisage de mettre la clé sous la porte, en raison de l’inflation et de l’explosion des factures énergétiques, d’après la dernière enquête de conjoncture de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Pour contrer la montée des prix de l’électricité, elles n’ont pas d’autre choix que de répercuter les coûts sur les consommateurs. Ainsi, 39 % des PME françaises prévoient d’augmenter leurs prix de vente pour maintenir leur marge, pendant que d’autres tentent de trouver des solutions pour réduire leur consommation énergétique.

Heureusement, des mesures sont mises en place par le gouvernement pour aider les entreprises à surmonter la crise, et les TPE-PME ont plusieurs ressources pour faire preuve de résilience.

Des dispositifs et aides sont mis en place par le Gouvernement pour soutenir les entreprises affaiblies par l’envolée des prix. Mais à quelles aides peuvent prétendre les PME en 2023 ? Faisons le point.

Instauré en 2021, puis prolongé jusqu’en 2022, le bouclier tarifaire est de nouveau maintenu en 2023 (jusqu’au 30 juin pour le gaz et jusqu’au 31 décembre 2023 pour l’électricité).

Il en va de même pour le guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité, destiné à s’arrêter en 2022, puis finalement prolongé en 2023.

• Le bouclier tarifaire : un dispositif qui permet de limiter la hausse des tarifs réglementés de l’électricité et du gaz à 15 %, pour les TPE éligibles au tarif réglementé et disposant d’un compteur électrique dont la puissance est inférieure à 36 kVA. Prenons l’exemple d’un contrat d’électricité bénéficiant d’un tarif réglementé à 257,28 €/an. Cela signifie que l’entreprise éligible au bouclier tarifaire ne pourra pas subir de hausse de prix supérieure à 38,59 €/an.
• Le guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité : destiné aux entreprises les plus consommatrices d’énergie, il vous permet de recevoir jusqu’à 4 millions d’euros d’aides pour le paiement de vos factures de gaz et d’électricité. Pour cela, il faut que vos dépenses énergétiques représentent plus de 3 % de votre chiffre d'affaires de référence (celui de l'année précédente) et que votre facture ait augmenté d'au moins 50 % par rapport au prix moyen payé en 2021.

Entré en vigueur au 1er janvier 2023, l’amortisseur électricité s’ajoute aux différentes mesures existantes. Ce dispositif s’adresse notamment aux TPE ne pouvant profiter du mécanisme du bouclier tarifaire, en raison de la puissance de leur compteur d’électricité, supérieure à 36 kilovoltampères.

Une situation qui a d’ailleurs été largement déplorée par les boulangers en 2022, puisque 80 % n’étaient pas couverts par le bouclier tarifaire.

Voici une explication des nouveaux dispositifs prévus par le gouvernement :

Il ne s’agit pas de rappeler les bons réflexes à adopter au quotidien, mais plutôt de mettre en place des mesures concrètes pour faire baisser la facture d’électricité et de gaz de votre entreprise.

En voici quelques-unes :

• Mettez en place, si ce n’est pas déjà fait, un budget dédié aux dépenses énergétiques. Intégrez-le dans votre prévisionnel financier pour 2023 et prévoyez une somme suffisamment importante pour ne pas vous mettre en danger financièrement ;
• Renégociez votre contrat d’électricité avec votre fournisseur, si cela est possible. En tout cas, c’est en bonne voie pour les TPE de moins de 10 salariés, qui pourront revoir à la baisse leurs contrats d’électricité, si celui-ci est actuellement supérieur à 280 euros le mégawattheure ;
• Le cas échéant, changez de fournisseur si votre contrat arrive à échéance (et selon les clauses du contrat), et privilégiez une offre à prix fixe pour sécuriser votre budget énergétique. Vous n’aurez alors pas à subir les fluctuations de prix ;
• Enfin, en cas de difficultés de trésorerie, demandez à votre fournisseur d’énergie un étalement du paiement de vos factures d’électricité sur les premiers mois de l’année.